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Au travail!!

Publié le par Marjorie Roulmann

Au travail!!

On s'en doutait : difficile, très difficile de trouver du travail en France. Pourtant les gens ont de l'espoir pour nous! "C'est sur que vous allez trouver avec votre super CV!" m'ont dit certains. "Je ne me fais aucun souci pour toi tu as du talent!" m'ont lancé d'autres. Même boostée par ces ames bienveillantes, j'étais lucide dès le départ : vu le taux de chômage en France, c'était évident qu'on aurait des difficultés! Et pourtant j'ai réussi pendant ces 9 années d'expatriation à garder un sacré réseau. Je pense toujours à ceux qui n'ont pas de connections, et ça me fait mal. Mais comment font ils? Bon j'ai quand même réussi à trouver un petit boulot freelance... qui m'a permis de rester dans le mode tapis rouge quelques jours à Cannes...

Tahar Rahim pour la série Panthers

Tahar Rahim pour la série Panthers

Ce qui n'aide pas c'est qu'en plus on ne peut pas toucher le chômage. Evidemment : on ne travaillait pas en France et on a démissionné de notre job au Canada! En même temps il ne faut pas pousser... surtout dans l'ambiance française dans laquelle le peuple se met lui-même en disant qu'on est tous des assistés, enfin surtout les immigrés. Vous vous doutez bien que je vais pas m'amuser à râler de ne pas être aidée! Pas envie de me faire lyncher.

Bref. évidemment on a des petits coups de mou, de panique, de "qu'est-ce qu'on va devenir?"... mais pas encore de déprime, heureusement. Car finalement quand on est arrivé à Toronto en 2006, ce n'était pas vraiment plus facile. Bon d'accord j'étais étrangère, j'attendais ma carte de résidente permanente (sorte de carte de séjour canadienne.. et sans on ne peut travailler légalement), mon mari revenait de 7 ans d'expatriation dans l'autre sens. Bref, il a mis un an à trouver et moi 5 mois! ça donne le temps de faire des beaux bébés tiens... Ah oui, parce que ne pas avoir de travail c'est pas drôle, mais quelques mois ça permet de se souvenir qu'on a une vie et qu'on a le droit d'en profiter. Un peu!!

La famille

La famille

Je trouve donc du travail au bout de 5 mois dans une grande radio nationale, et en français! Elle est pas belle la vie. En plus on me paye pour parler culture. Le pied!!! Là on se dit qu'on a bien fait de partir... Au Canada, non seulement on trouve du travail en 5 mois mais en plus on vous fait assez confiance pour vous donner un poste à l'antenne pour parler de la culture d'une ville que vous ne connaissez pas!!

Et c'est la que le rêve canadien s'effondre : le pays de l'immigration, du multiculturalisme arrive tout de même a vous rappeler tous les jours que vous n'êtes pas d'ici parce que

1) vous dites parking et ça dans le monde francophone, c'est inacceptable (par contre on peut dire performer, compétitionner, je suis déménager, on a schedulé un rendez-vous etc...)

2) vous êtes une maudite française, arrogante et qui râle tout le temps. Même si c'est très vrai, c'est parfois un peu dur d'être à longueur d'années traité comme cela. Oui on se rend compte quand on est loin qu'on est un peuple pédant qui croit tout savoir parce qu'on a effectivement une histoire et qu'on critique tout... Vous allez me dire : t'aurais pu t'en rendre compte avant! Partez à l'étranger et vous vous murmurerez : ah ouais quand même je ne pensais pas être arrogant à ce point!

3) vous venez voler le travail du bon canadien de souche : oui on me l'a dit... et c'est là que j'ai compris ce que voulait dire IMMIGRER... et c'est là que j'ai pensé à tous les immigrés de France, si mal reçus, souvent mal traités... enfin j'ai compris ce que je ne pouvais comprendre en France, moi petite bourgeoise parisienne, née dans la capitale. En grandissant en banlieue j'ai bien vu ce qu'était l'intolérance, le non désir de vivre avec le prétendu étranger... Bien sur que ça fait réfléchir... mais rien ne vaut une bonne immersion dans un autre pays, une autre culture, une autre façon de vivre

4) vous ne comprenez pas grand chose de ce qu'il se dit les 6 premiers mois alors que vous êtes en direct tous les matins, mais entre les différents accents (québécois, franco-ontariens, anglophones) et les différents rituels vous faites comme vous pouvez pour à la fois vous faire accepter et vous imposer, sans vous laisser marcher sur les pieds, et vous finissez par vous intégrer... enfin jamais complètement, parce que vous serez toujours française dans votre coeur!!

A l'antenne

A l'antenne

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K
Je viens de parcourir ton blog, j'aime beaucoup. J'ai vécu à Bordeaux et à Montréal et j'hésite entre aller vivre à Toronto et rentrer en France pour finir mes études. Bref, le cul entre deux chaises :)
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