Et si on sortait!
Petit coup de blues... j'ai manqué mon 9ème TIFF, la 40ème édition. J'avais pourtant
battu mon record l'an dernier : 30 films tout en travaillant, 6 soirées tout en emmenant les enfants à l'école le lendemain matin. Pas de paillettes donc, pas de tapis rouges, pas d'interviews avec Jean Dujardin, pas de folles nuits avec Mark Ruffalo...
Pas de prédictions pour les oscars... et pas de Ramzy Malouki (itélé, Canal +) pour faire la paire devant les cameras!
Heureusement les copains étaient là pour moi pour me le faire vivre de loin... et à vous aussi... Alors pour une petite impression locale : lien ci-dessous!
TIFF 2015: folies nocturnes et avant-garde
www.lexpress.to est le site du journal francophone du Grand Toronto, L'Express, l'hebdomadaire canadien-français le plus important à l'extérieur de la province de Québec. www.lexpress.to is the...
Mais j'ai quand même eu droit à mon lot de stars hier soir! grâce à de belles amitiés
parisiennes j'ai eu la chance de passer la soirée au cinéma pour l'avant-première du film
"Les rois du monde (Casteljaloux)". Un film "français".
C'est la 1ère chose qui m'a frappée au visionnement : en Amérique du nord aussi, j'ai vu des dizaines de films "français". Mais, je ne sais pas pourquoi, peut-être le fait de les avoir découverts sur le sol américain, ca a changé ma perception. En tout cas ça faisait longtemps que je n'étais pas sortie d'un film en me disant : ça c'est vraiment un film "français". Faut dire que la
France a aussi une bonne grosse concurrence au Canada en matière de films francophones : le film québécois dont je me suis souvent délecté .
"Les rois du monde (Casteljaloux)" est très "français". D'abord parce qu'il est fait avec les tripes (ce qui rejoint d'ailleurs le film québécois). Les tripes d'un metteur en scène de théâtre, Laurent Laffargue, qui, à 45 ans, n'a pas peur de se lancer dans le cinéma. Les tripes d'incroyables acteurs : Sergi Lopez, Céline Sallette, Eric Cantonna, Romane Bohringer, Guillaume Gouix. Enfin les tripes des images : symboliques, réelles, crues.
Le film "français" peut être particulièrement pesant : des gens qui mangent et se parlent autour d'une table avec beaucoup de sentiments, certes, mais des sentiments tellement réels qu'on y voit notre vie, ce qui, à mon avis, peut souvent être sans intérêt. Mais là, c'est du français flamboyant dans sa tragédie, sa violence, son spectaculaire d'émotions.
Laurent Laffargue vient de Casteljaloux. Casteljaloux est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département du Lot-et-Garonne en région Aquitaine (cf lien). Il y a grandi et en est parti, vivre l'aventure à Paris.
Mais il connait son village natal comme sa poche. Il y a vu des choses qu'il a revisitées et transformées en tragédie grecque. D'abord par le truchement de la pièce de théâtre. Puis en long métrage. Dans ce sud-ouest où il fait chaud, dans ce petit village où tout le monde se connait, la passion peut aboutir au drame. Jeannot est fou amoureux de Chantal. Pour elle, il va aller en prison. Mais quand il sort 3 ans plus tard, la jeune femme, qui ne cherche que le bonheur, s'est installée avec le boucher du village. L'alcool, le remord, la folie, tout simplement l'amour passionnel entrainent un époustouflant Sergi Lopez dans l'irrationnel... et sa capacité à passer de la pure souffrance de l'autodestruction à une sorte de joie nostalgique en quelques secondes est très impressionante. Autour de lui gravitent une toujours aussi touchante Céline Sallette qui malgré l'amour qu'on lui donne est tiraillée comme un "objet" que 2 hommes désirent plus que tout, un solide Eric Cantonna, simple, éfficace, une Romane Bohringer lumineuse et puis quelques petits jeunes qui nous racontent la vie de ceux qui vont réussir à partir du village pour voler de leurs propres ailes : notamment Victorien Cacioppo et Roxane Arnal.
Ce film est à la fois une boule d'amour et de haine, de violence et de sentiments doux, tout en contradiction, où les histoires parallèles des jeunes qui se cherchent et de la génération précédente qui s'est perdue, nous embrouillent un peu. On en ressort ébranlé et bizarrement un peu "sur le fil du rasoir". Je me demande si ce ne sont pas les scènes proches du western psychologique qui ont mis tout le monde sur les nerfs hier à l'avant première. En tout cas la séance de Questions-Réponses à la fin de la projection a tourné à l'excès de compliments (qui semble avoir mis la troupe mal à l'aise) à des questions carrément provocatrices et à des réactions contradictoires entre jeunes et moins jeunes, hommes et femmes. C'était curieux et pour le moins très diffèrent d'un Q&A canadien, souvent beaucoup plus poli et politiquement correct.
Comme quoi même certaines situations auxquelles on n'aurait jamais pensées, nous rappellent à nous, ex-expatriés, qu'il faut se réhabituer chaque jour à la culture dans laquelle on vit!